La revue de presse de Pierre Bérard
Au sommaire :
• Le dimanche 26 février Alain Finkielkraut analyse l’affaire Mehdi Meklat et la complaisance du milieu journalistique (qui ne veut pas voir ce qu’il voit) vis à vis de ce jeune homme de banlieue dont le double éventé twittait avec rage des propos machos, racistes et homophobes que les formatés du Monde et de Libé n’auraient pas manqué de dénoncer si leur auteur n’ avait été qu’un misérable souchien. Mais voilà: il était devenu le chouchou des média et l’étendard flamboyant d’une duplicité qui ne veut plus « mettre la plume dans la plaie » selon le mot d’Albert Londres. Décidément, à l’ère du soupçon universel certains s’en sortent immaculés.• Jean-Yves Le Gallou avec son compère Hervé Grandchamp présentent un nouveau numéro de leur émission hebdomadaire « I-Média ». Gaillardement menée, elle offre notamment un tour complet de l’affaire Mehdi Meklat.• Le « comité Orwell » publie un entretien avec Jean-Claude Michéa où le philosophe répond aux questions d’Alexandre Devecchio. Il répond sur ses rapports avec l’oeuvre de George Orwell.• Quatrième épisode des conversations entre Alain de Benoist et Paul-Marie Coûteaux. De Benoist s’exprime successivement sur sa critique de l’immigration qui ne sombre jamais dans la xénophobie. Il éreinte le cosmopolitisme ambiant qui se réclame d’un Autre tout en le pensant comme un Même. Il souligne la confusion entourant l’islam opposé aux « racines chrétiennes » de l’Europe, alors qu’en toute bonne logique le terme de racine renvoie à ce qu’il y a de plus ancien. Il rend de ce point de vue un vibrant hommage à l’indo-européanisant Georges Dumézil qui fut son ami et explique que la Grèce étant le lieu d’origine de la philosophie et de la tragédie il ne peut qu’y être sensible. Répondant à une question de Coûteaux il opère avec rigueur une distinction spenglérienne entre culture et civilisation. Il tance la définition de l’Europe comme « ouverte à l’ouverture » (Finkielkraut) ce qui est une manière de ne plus se soucier de savoir ce qu’elle est. Il reproche à l’Union Européenne d’avoir totalement discrédité l’idée même d’Europe. Il répète que l’identité loin d’être ce qui ne change jamais est ce qui nous permet de demeurer nous mêmes en changeant sans cesse. En l’état, il affirme que l’identité n’est pas une essence mais bien une substance et pour ce qui concerne l’identité européenne il constate que cette substance se découvre essentiellement dans la philosophie critique et la dangereuse notion d’objectivité qu’on ne trouve nulle par ailleurs sur les autres continents. Il revient pour finir sur l’aventure du Figaro-Magazine et la progressive « orléanisation » de la droite qui l’amène à refuser dorénavant d’en revêtir l’habit chamarré.• Iurie Rosca, journaliste et ancien vice-premier ministre de Moldavie, livre dans cet entretien fort intéressant son bilan des 25 dernières années du régime libéral de son pays. 25 années durant lesquelles les moldaves, enthousiastes au début, ont perdu toutes leurs illusions sur un système qui les a appauvri et qui n’a su remplir aucune de ses promesses. Comme Soljénitsyne il affirme que le communisme et le capitalisme représentent deux visions mortifières du monde et met en cause, outre la société de marché, les oligarchies financières tant européennes qu’américaines associées aux industries de manipulation émanant du « philanthrope » George Soros. À l’encontre du paradigme libéral il plaide pour un retour du politique axé sur les valeurs conservatrices et la souverainetés identitaires en Europe. Enfin, il cite comme référence Alexandre Douguine et Alain de Benoist qui seront les invités d’un grand colloque à Chinisau en mai prochain.• Pareil à Shelob ? Pour en savoir plus sur ce bienfaiteur de l’humanité qu’est George Soros, voici un article découpé en deux volets de Giampaolo Rossi pour le quotidien Il Giornale. Pour notre part nous attendons avec impatience que la lumière d’Earendil se déverse enfin sur ce marionnétiste ploutocrate.• La suite renvoie au site Dreuz-info qui interprète les différentes initiatives de Soros comme relevant de « la gauche ». Nous ne faisons pas, pour notre part, la même exégèse du matériel collationné, qui de toute évidence indique une volonté de semer ce chaos providentiel nécessaire aux yeux de certains intérêts néo-libéraux qui adoptent aussi bien la défroque de gauche que le déguisement de droite pour parvenir à leurs fins.• Réflexions pertinentes sur les sondages par Alain de Benoist.• « L’Institut Iliade pour la longue mémoire européenne » publie sur « La Morsure des dieux » de Cheyenne-Marie Carron une excellente critique de l’abbé Guillaume de Tanouärn.• Breizh-info a interrogé Cheyenne-Marie Carron sur la signification de son film. Elle déclare dans cet entretien : « Cette réconciliation entre Païens et Chrétiens semble en troubler plus d’un… pour moi, la mémoire spirituelle des peuples Européens se joue là… ».• Bras de fer entre la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA) partisane, au nom de la compétitivité, d’une agriculture industrielle et les associations environnementales. Enjeu : la carte des cours d’eau de France dont le puissant syndicat (et la plupart des chambres d’agriculture qu’il contrôle) entend « déclasser » le plus grand nombre possible de ruisseaux afin de permettre aux agro-industriels de polluer des zones jusque là indemnes car protégés par l’interdiction des épandages de pesticides et de travaux sur leurs abords. Ainsi suffit-il de reclasser ce qui était naguère défini comme un cours d’eau en fossé, ravine ou thalweg et le tour est joué. Périrons-nous au nom de la sainte croissance ?• L’avocat Régis de Castenau, défenseur des libertés publiques, qui n’est pas le moins du monde « lepeniste » donne ici raison à Marine Le Pen de se soustraire aux procédures auxquelles le pouvoir entend la soumettre (et que s’empressent de talonner les apparatchiks des médias) et il explique pourquoi. De même démontre-t-il que les fonctionnaires qui se sentiraient visés par son discours de Nantes auraient tout à fait tort puisque celle-ci ne pointait que les ordres manifestement illégaux qu’ils pourraient être amenés à suivre à l’instigation d’un pouvoir aux abois. Exposé limpide.• Affirmant qu’un homme politique doit être jugé sur sa capacité à résoudre les maux dont souffre notre pays plutôt que sur son intégrité morale Bruno Mégret regrette que l’exigence de transparence des leaders en fasse des captifs des médias et de la justice. Le politique conclue-t-il n’est pas de l’ordre de la morale. Juste réflexion qui n’est pas sans évoquer Julien Freund.• La Révolution Conservatrice vue par Georges Feltin Tracol, un doctorant en histoire qui travaille sur la réception de la RC en France présenté sous le nom de Thierry et Monsieur K. Émission très intéressante, illustrée du beau chant de lansquenets « Landsknecht Sang » . La critique amicale d’Éléments suspecté de trouble voisinage avec le mensuel Causeur est superfétatoire dans ce registre. Production d’Orage d’acier.• Le site « Fragments sur le temps présent » fait paraitre la version complète d’un article de Jean-Yves Camus paru originellement dans le quotidien suisse « Le Temps » : « La révolution conservatrice inclut tout et son contraire ». Quelques réflexions élémentaires portant sur les mauvais usages de ce syntagme.• Jacques Sapir, Élisabeth Lévy (directrice de « Causeur »), et Olivier Berruyer (animateur du site « Les crises ») s’en prennent au Décodex du Monde qui s’est arrogé un droit de police sur les opinions exprimées sur le net en triant le bon grain de l’ivraie. Les bons journalistes « objectifs » et la tribu de méchants idéologues. La presse mainstream qui a de moins en moins de lecteurs stigmatise les sites alternatifs qui en rassemblent toujours plus. Ce faisant elle agit comme une nouvelle gendarmerie sacrée qui met à l’index les convictions qui lui déplaisent. Mais qui évaluera les évaluateurs subventionnés, ces éternels donneurs de leçons ? On trouvera par ailleurs sur le site « Les crises » nombre de critiques bien informés sur le candidat Emmanuel Macron qui n’ont pas, elles, la prétention à une pure objectivité que l’on ne trouve nulle part.• Dans le meilleur des mondes Jean-Michel Aphatie est un prince qui peut se permettre de révéler publiquement le fond de son discours subliminal. On s’aperçoit alors qu’il est très performatif et fâcheusement orienté. Décryptage d’Ingrid Riocreux.• Philippe Poutou, candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste était samedi dernier l’invité de Laurent Ruquier dans son émission « On est pas couché ». Il y fut une victime toute désignée d’un P.A.F. bobocratique, sûr de lui et dominateur. Un traitement que ne risque pas d’endurer Charles Robin, ex camarade de lutte de Poutou que sa critique du libéralisme comme « fait social total » a éloigné des fallacieux ennemis du capitalisme comme le montre son « Itinéraire d’un gauchiste repenti » (Krisis).• Sur le dernier livre de Vincent Coussedière « Fin de partie, requiem pour l’élection présidentielle » (parution le 2 mars) une très brève critique sur boulevard Voltaire.• Nous évoquions dans notre dernière revue de presse la dévitalisation des centres villes dans la France périphérique qu’un ensemble de cartes publié par France culture rend parfaitement clair et contribue à en désigner les causes.
jean-claude michéa - Page 6
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La revue de presse d'un esprit libre... (23)
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Tour d'horizon... (122)
Au sommaire cette semaine :
- sur Hominidés.com, on évoque les découvertes faites sur les contreforts de l'Himalaya par une équipe franco-indienne de paléoanthropologues à laquelle participait Anne Dambricourt-Malassé du Muséum national d'histoire naturelle...
Une espèce humaine (Homo) il y a 2,6 millions d'années en Inde
- le débat Hamon-Valls est passé, mais cela vaut toujours la peine de découvrir sur Figaro Vox pourquoi il faut lire Jean-Claude Michéa !
Et si on zappait le débat Hamon/Valls pour lire Michéa ?
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La gauche contre le peuple...
A l'occasion de la sortie de son essai Notre ennemi le capital (Flammarion, 2017), Jean-Claude Michéa était l'invité, le 11 janvier 2017, de Guillaume Erner sur France Culture pour évoquer la coupure entre la gauche et le peuple...
Entretien avec Jean-Claude Michéa (1ère partie)
Entretien avec Jean-Claude Michéa (2ème partie)
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Massacre à Boboland...
Les éditions Les Liens qui Libèrent ont publié en octobre dernier un aimable brûlot signé par Aude Lancelin et intitulé Le monde libre. Ancienne journaliste au Nouvel Observateur et à Marianne, puis directrice adjointe de l'Obs, dont elle a été brutalement licenciée, l'auteur règle quelques comptes et se livre, notamment, à un dézingage en règle des principales figures du milieu intello-médiatique parisien : Jean Daniel ("Le Narcisse de Blida"), Bernard-Henri Lévy ("ce philosophe Potemkine", "le sentencieux maître à penser", "le parrain de Saint-Germain"), Alain Minc ("barde de la globalisation enchantée et oracle de toutes sortes d'autres prévisions démenties"), Bernard Kouchner ("donneur de leçons invétéré de la gauche des «droits de l'homme»), Laurent Joffrin ("il ne renonçait jamais à dire tout le bien qu'il pensait de ses patrons").
Au-delà de ce réjouissant jeu de massacre, l'auteur démonte également avec brio le système de soumission mis en place par les grands capitalistes qui ont pris le contrôle de la presse française.
Si, comme le rappelle le portrait que l'OJIM a brossé d'elle, Aude Lancelin s'est parfois laissée aller dans certains articles à servir d'auxiliaire à la police de la pensée, il faut lui reconnaître d'avoir eu, avec ce livre, le courage de brûler ses vaisseaux... Et puis, quelqu'un qui apprécie Nietzsche, Philippe Muray et Michel Houellebecq, lit Michéa, Carl Schmitt et Joseph de Maistre et possède une belle plume, ne peut pas être vraiment antipathique !...
" Un an avant une élection présidentielle, la « numéro deux » du plus célèbre hebdomadaire de la gauche française est brutalement licenciée. Rapidement, des causes politiques à cette éviction seront évoquées par les médias. Le parti au pouvoir, traître à toutes ses promesses, se verra ainsi soupçonné d’avoir voulu remettre au pas « sa » presse, tandis que les actionnaires du « Monde libre », auquel appartient le journal, seront interpellés au sujet de leur rôle dans l’affaire.
Partant de ces événements, la journaliste Aude Lancelin livre ici le récit de ses quinze années passées au cœur des médias français, entre décadence d’un métier, opérations de police intellectuelle, et socialisme d’appareil à l’agonie. Une plongée sans précédent dans le « quatrième pouvoir », par quelqu’un qui l’a connu de l’intérieur. Un appel aussi à la résurrection d’une vraie gauche, et à la libération des journalistes. "
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Notre ennemi, le capital...
Les éditions Flammarion publient cette semaine, dans leur collection Climats, le nouveau livre de Jean-Claude Michéa intitulé Notre ennemi, le capital. Critique essentiel du système et de la gauche du capital, Jean-Claude Michéa est l'auteur d'essais dont la lecture est indispensable comme Impasse Adam Smith (Flammarion, 2006), Le complexe d'Orphée (Flammarion, 2011) ou Les mystères de la gauche (Flammarion, 2013).
« Si l'on veut réellement rassembler la grande majorité des classes populaires autour d'un programme de déconstruction graduelle du système capitaliste (et non pas simplement accroître ses privilèges électoraux), il faut impérativement commencer par remettre en question ce vieux système de clivages fondé sur la "confiance aveugle dans l'idée de progrès", dont les présupposés philosophiques de plus en plus paralysants (du type "parti de demain" - celui de la Silicon Valley - contre "parti d'hier" - celui de l'agriculture paysanne ou de la culture du livre) ne cessent d'offrir depuis plus de trente ans à la gauche européenne le moyen idéal de dissimuler sa réconciliation totale avec le capitalisme sous les dehors beaucoup plus séduisants d'une lutte "citoyenne" permanente contre toutes les idées "réactionnaires" et "passéistes". »
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L'intimidation contre le débat...
« Nous jouissons en principe dans notre pays d’une entière liberté d’opinion et d’expression ; nous vivons en pratique sous un régime de liberté surveillée. Une discipline de parole très contraignante réduit le champ et le nombre des sujets ouverts à une véritable discussion. Les notions, les termes et même les faits les plus nécessaires à l’intelligence du présent sont l’objet d’une censure vétilleuse. Comment échapper à la tyrannie paralysante du politiquement correct sans tomber dans la licence improductive du politiquement incorrect ?Le livre d’André Perrin nous libère magistralement de cette alternative démoralisante. Qu’il s’interroge sur les relations entre religion et violence, qu’il se demande si « expliquer, c’est déjà excuser », ou qu’il suive dans leurs usages légitimes et illégitimes les notions de race, d’identité ou de civilisation, il éclaire les questions qui nous pressent et nous divisent avec précision, rigueur, humour, et toujours une admirable clarté. Il montre qu’en rassemblant les faits pertinents, en prenant appui sur les suggestions contenues dans le langage usuel, en appréciant selon la raison commune les diverses opinions, qui sont autant de « vues » sur les choses, nous pouvons surmonter nos partialités et éclairer effectivement la complexité du monde politique, social et moral. Dans le désarroi et l’anxiété qui nous assaillent, il est cette chose rare, un livre encourageant. » Pierre ManentLes éditions du Toucan viennent de publier dans leur collection L'Artilleur un essai d'André Perrin intitulé Scènes de la vie intellectuelle en France - L'intimidation contre le débat et préfacé par Jean-Claude Michéa. André Perrin est professeur de philosophie.
" Professeur de philosophie, André Perrin constate que dans les débats qui occupent la scène médiatique contemporaine en France, le souci élémentaire de chercher à savoir si les assertions des intervenants sont simplement vraies ou fausses est régulièrement bafoué.
Bafoué de deux façons : en amont en cherchant d’abord à connaître les « raisons » qui ont pu pousser la personne à émettre ces propositions, et en aval en cherchant à disqualifier une thèse en la rapportant aux conséquences néfastes qu’elle est supposée devoir engendrer (en disant cela, vous faîtes le jeu d’untel ou untel). Quelques-uns des sujets de « non-débats » abordés dans ce livre :-La réception du livre de Sylvain Gouguenheim Aristote au Mont-Saint-Michel (Seuil, 2008)
-La « théorie du genre »
-Toutes les civilisations se valent-elles ?
-Le terrorisme est-il l’arme des pauvres ?
-Expliquer, est-ce un peu « excuser » ? "